La Chrysler Airflow est la première automobile des années 1930 pour laquelle les ingénieurs se sont intéressés à la question de l’aérodynamique d'où le nom qui signifie flux d'air. Elle est ainsi l'emblème le plus expressif du courant Streamline Moderne, cette tendance aux États-Unis à dessiner des lignes courbes et très fluides. Néanmoins, ce courant moderne appliqué sur une automobile de série se révèle trop innovant pour susciter, outre un succès d'estime, un succès commercial.
Il faut dire que le contexte n’est pas propice au lancement de nouveautés un peu extravagantes. Le jeudi 24 octobre 1929 est survenu le krach financier de Wall Street, plongeant l'économie mondiale dans une période de récession, dénommée Grande Dépression. Les industries américaines sont les premières touchées, faisant dégringoler les ventes automobiles.
C'est dans cette période, régie par de nombreuses contraintes établies par les conséquences de la dépression, que naissent un certain nombre de créateurs, prêts à bousculer les conventions stylistiques et apporter du sang neuf à l'automobile. Des figures emblématiques comme Raymond Loewy, Walter Teague, Henry Dreyfuss, Norman Bel Geddes et Harold Van Doren imaginent un nouveau courant artistique, le Streamline Moderne, qui consiste à appliquer des formes fluides sur des objets usuels comme l'architecture ou les transports. Raymond Loewy est à l'origine de nombreux emblèmes de l'American way of life, comme l'autocar Greyhound, le distributeur de Coca-Cola, etc. Il s'intéresse rapidement au domaine des transports et dessine ainsi les locomotives pour la Pennsylvania Railroad. Cependant, les constructeurs automobiles sont plus réticents à appliquer les principes du Streamline (ligne fluide) à l'automobile.
Les innovations apportées par l’Airflow sont nombreuses :
construction semi-monocoque tout acier, le compartiment à bagages était accessible de l’intérieur et elle disposait de petites vitres arrière pivotantes, mais aussi d'une banquette avant 3 places, passagers arrière au même niveau que les passagers avant, suspension des sièges en tube chromé Arts Déco, pare-brise bombé sur le haut de gamme Imperial, overdrive automatique, réserve d’essence, pneus de sécurité à deux chambres, déverrouillage du capot à l’intérieur de l’habitacle, démarreur au pied.
Chrysler devient le premier groupe industriel à commercialiser une automobile inspirée par le Streamline. Issue du département Art & Colour, la Crysler Airflow voit le jour en février 1934, lors du salon de l’Automobile de New York.
Les résultats stylistiques sont dus aux nombreux essais réalisés sur des maquettes en soufflerie, une première dans l'automobile, pour trouver la bonne forme. La décision a été prise de réaliser une carrosserie monocoque tout acier, technique déjà utilisée en 1921 mais très peu diffusée. Sur le plan purement stylistique, l'étude est confiée à Norman Bel Gedds et le premier prototype voit le jour en 1932 sans qu’il déclenche beaucoup d’enthousiasme dans l’état-major de Chrysler.
L'idée originale est que l'Airflow soit présentée seulement sous la marque DeSoto. Mais pendant que la voiture commence à prendre forme, Walter Chrysler devient de plus en plus enthousiaste à son sujet. « Je crois sincèrement, dit-il, qu'elle apportera une toute nouvelle tendance dans le transport personnel ». Bien sûr, il désire voir son nom inscrit dessus. L'introduction de cette nouvelle automobile « révolutionnaire » serait, selon lui, une façon de célébrer le prochain 10e anniversaire de la fondation de Chrysler Corporation.
Lors de sa première présentation au salon de New York, l'Airflow reçoit un accueil enthousiaste. Elle se distingue des autres automobiles par sa carrosserie profilée et sa calandre très arrondie intégrant les phares. Elle fait, par la suite, sensation dans les différents Salons de l'automobile à travers les États-Unis, où les visiteurs auraient passé des commandes en nombre record. La presse, cependant, est plus mitigée à son égard. Malheureusement pour Chrysler, l'enthousiasme initial du public pour l'Airflow est de courte durée. Cette chute de l'enthousiasme du public pour l'Airflow peut s'expliquer par le fait que Chrysler ne livre pas les premiers véhicules dans les délais, l'assemblage de l'Airflow est plus difficile et plus coûteux que prévu et enfin, de nombreux problèmes techniques sont rapidement apparus.
Face à un accueil très peu enthousiaste, Chrysler tente de convaincre le public que les lignes aérodynamiques de ses Chrysler et De Soto Airflow favorisent la pénétration dans l’air, et donc l’économie de carburant. Le pilote Larry Hartz est lancé dans un parcours d’endurance de 4800 km à travers les Etats-Unis, de Los Angeles à New York, avec à son bord un contrôleur de l’American Automobile Association. Son 8 en ligne consommera une moyenne de 13 litres aux 100 km.
Le style de l'Airflow inspirera plusieurs autres véhicules à travers le monde. Parmi ceux-ci, on peut citer la ligne "fuseau Sochaux" de la Peugeot 402 en 1935, ainsi que la Toyota AA en 1936.
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