Tout le monde connait la ‘’deudeuche’’ et ses innombrables variantes. Par contre il y a une version qui sort de l'ordinaire et qui fait vibrer les portefeuilles a tel point que de la dernière vente de ce modèle à délaisser un collectionneur de 172.800 euros lors d'une vente aux enchères Arcurial en 2016, de quoi établir un nouveau record de prix de vente pour une 2CV.
Mais qu'a telle cette Citroën pour affoler toutes les passions ?
Et bien, on va vous raconter son histoire.
Le début de l'histoire de Citroën
Commençons par un peu d'histoire, avec le début des Automobiles Citroën en 1919 quand André Citroën transforme son usine d'obus en usine de voiture. Elle commence de suite sa première collaboration avec Michelin pour la fourniture de ses pneus. Citroën s'inspire du fordisme, modèle d’organisation et de développement d’entreprise développé et mis en œuvre dès 1908 par Henry Ford. André Citroën a également un grand sens du marketing. Il n’hésite pas à utiliser tous les moyens modernes de son époque pour faire connaître Citroën : en 1922, un avion écrit le nom de Citroën dans le ciel en ouverture du salon auto de Paris, en 1925, pour l’exposition des Arts décoratifs de Paris, il habille la Tour Eiffel avec le nom de sa marque, qui brille au-dessus des toits pendant presque dix ans. Il invente aussi les caravanes Citroën. La marque Citroën devient alors réputée pour ses technologies futuristes et, à plusieurs reprises, elle a révolutionné le monde de l'industrie de l'automobile. Citroën a notamment créée, au long de son histoire, plusieurs créations d'avant-garde dont la Traction Avant, l'utilitaire H, DS, Méhari, SM, GS, CX, BX, XM, mais c'est la 2CV qui retient le plus les esprits.
Malgré toutes ces innovation, Citroën fait faillite en 1935, et c'est l'entreprise Michelin qui en prend les commandes, c'est le début d'une nouvelle ère pour Citroën et aussi le début du mythe de la CV.
La naissance de la 2CV
La 2cv est née le jour d'une réunion en 1935 au cour de laquelle Pierre Michelin lance l'étude d'un nouveau modèle. Selon Édouard Michelin, alors grand patron de Michelin et, par dérivation, de Citroën, et son bras droit Pierre Boulanger, décide de créer un nouveau type de voiture, la TPV (Toute Petite Voiture), elle doit être fiable, pas chère et avec un entretien réduit à la portée de toutes les bourses.
Elle doit pouvoir être conduite par des paysans en sabots et pouvoir dormir dehors, dans les champs, l'hiver puis redémarrer au quart de tour le matin.
Selon des impératifs en terme de confort mais aussi de capacité à se mouvoir sur des routes généralement en mauvais état à l'époque, la future voiture devra avoir une suspension très souple. Par exemple, elle devra pouvoir traverser un champ labouré avec un panier d’œufs dans le coffre sans en casser un seul.
Initialement deux cents 2CV devaient être présentées au Salon de l'auto de 1939, objectif qui n'a bien atteint, il faut attendre le salon de l'automobile de Paris de 1948 suite aux aléas liées à la Seconde Guerre Mondiale (les Allemands voulant s'approprier les plans de la 2CV en échange de ceux de la Käfer 'Beetle' de VW, chose que les dirigeants de Citroën refusèrent, les Allemands on alors bombardés l'usine Citroën du Quai de Javel) pour que Citroën puisse enfin présenter la 2 CV type A.
Ainsi, la machine à créer les mythes en mis en place, plusieurs séries limitées sont commercialisées ou pas, dont les plus connues : la 2CV6 Charleston, la 2 CV Cocorico et encore la 2CV 007.
A leurs cotés, Citroën à produit des modèles spéciaux, dont une a particulièrement retenue notre attention : la 2CV Sahara, et pour cause, c'est l'unique voiture de série possédant . . . 2 moteurs.
La 2CV Sahara a 2 Moteurs !
Modèle spécial, caractéristiques spéciales !
Pour qu'une 2CV soit vraiment spéciale, il lui faut 2 moteurs.
L'idée de créer une dedeuche avec des qualités de franchissement insoupçonnées vient à l'origine d'un concessionnaire qui présente l'idée à la direction de Citroën qui a vite vu en elle le potentiel d'être la future Jeep qui servir à l'exploitation pétrolière au Sahara algérien. L'idée est mis a exécution et relève d'un petit exploit technique, car si animé 2 moteurs sur une 2CV semble être une solution technique assez simple compte tenu de la symétrie du châssis, il faut pouvoir installer le second groupe moteur/boîte en retourné et le loger dans le coffre arrière. Le second moteur est autonome avec son propre démarreur, sa dynamo, son régulateur et sa clé de contact.
Toutes les commandes sont doublées : la pédale d'accélérateur agit sur les deux carburateurs, celle de l'embrayage désolidarise chacune des deux boîtes de son moteur. Le levier de vitesse agit sur deux tringleries qu'on peut désolidariser pour une utilisation en deux roues motrices. Le poste de pilotage présente deux clefs de contact. L'ensemble comporte deux dynamos, une sur chaque moteur, et deux régulateurs de tension. Même si chacune des dynamos est apte à recharger intégralement la batterie d'accumulateurs, il est recommandé, mais pas imposé, d'utiliser les deux moteurs pour un rendement optimum du véhicule et y conserver le même taux d'usure. Ainsi, il n'y a pas de différentiel entre les trains. Cela ne pose aucun problème sur terrains gras, avec un comportement très satisfaisant, mais réduit considérablement l'efficacité de la transmission sur terrain adhérant, un moteur étant toujours un peu à la traîne de l'autre. Malgré la place occupée par le second moteur, la voiture peut toujours accueillir 4 personnes, seul l'espace réservé aux bagages et la roue de secours ont disparu ! Équipée de pneus basse pression, la Sahara s'avère efficace en tous terrains. Compte tenu de l'absence de différentiel, la voiture a tendance à riper sur sol dur. Telle est la configuration du prototype dévoilé en mars 1958 dans les sables d'Ermenonville. La Sahara fait son entrée officielle lors du Salon de Paris 1958 avec quelques améliorations la rendant plus utilisable: une roue de secours prend place sur le capot, le carénage du moteur arrière est repensé, des aérations sont ajoutées et les ailes arrière sont échancrées.
C'est ainsi qu'elle apparaîtra au catalogue 1959. Elle subira peu de modifications au cours de sa carrière: En 1960, deux orifices de remplissage d'essence apparaissent dans les portes, alimentant les deux petits réservoirs placés sous les sièges avant. En 1962, l'Algérie n'est plus française et la 2CV perd son appellation "Sahara", pour des raisons géopolitiques évidentes, et prend le nom de 2CV 4X4. Elle voit aussi sa puissance passer de 24cv à 28cv. La 2CV 4X4 est vendue en France au prix de 9 830 francs. Elle subsiste jusqu'en 1967, mais les ventes étant devenues confidentielles, elle disparaît durant l'été. Son bruit assourdissant, l'absence de coffre et sa double consommation en limitait l'usage aux endroits difficiles d'accès explique peut-être que seulement 693 exemplaires ont trouvé preneur. Son prix de vente, plus du double de celui de la berline de base, n'a certainement pas favorisé une production de masse. Administrativement parlant, 2 x 425cc, soit 850cc faisait d'elle une 5cv fiscaux, ce qui amusait ceux qui pensaient que 2x2 faisait 4!
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