La Citroën 2CV est l'une des images de la voiture française par excellence. Elle a connue une histoire mouvementé, aussi bien qu'à ces débuts, qu'à la fin de sa production. Abordable, durable, compacte et simple d'entretien, la Deudeuche, comme on l'aime l'appeler, a représenté la démocratisation de la voiture à essence et rien de moins que l'art de vivre français pendant 40 ans.
Son histoire commence après le rachat de Citroën par Michelin en 1935, les hautes instances de la marque aux Chevrons veulent ouvertement cibler le marché de la voiture économique. C’est pour cela que Pierre-Jules Boulanger, nommé fraîchement directeur de Citroën, est mandaté pour l’aboutissement de ce projet.
L’étude de marché afférente à ce projet fait apparaître des attentes des clients potentiels. C’est avec ceci que Boulanger élabore un cahier des charges précis pour celle qui sera baptisée avant-guerre la TPV (Toute Petite Voiture) qui repose sur un concept assez simple « Quatre roues sous un parapluie », avec quatre places assises, 50kg de bagages transportables, 2CV fiscaux, traction avant, boîte à 3 vitesses, une suspension solide, permettant de traverser un champ labouré avec un panier neuf sans en casser un seul , et une vitesse de pointe à 60km/h.
Les premiers projets aboutissent à une voiture en tôle ondulée très fine. Mais c’est une débâcle pour Citroën, qui doit démonter tous les « Projets A » déjà assemblés. La guerre arrive en France et les nazis, au courant du projet de TPV, essaient de s’approprier les plans pour l’élaboration de leur « Volkswagen ». Boulanger s’y opposera farouchement et ne les divulguera pas. Les projets de la TPV continuent même en secret en 1941 après le bombardement de l’usine du Quai de Javel. A la fin de la guerre, le rythme des recherches accélère, et Citroën parvient à élaborer un nouveau moteur.
« Il y a des pressions partout en Europe pour une voiture économique, destinée à Monsieur et Madame Tout-le-Monde. Fiat, par exemple, a créé sa célèbre Topolino en 1936 et, surtout, la Coccinelle, de Ferdinand Porsche, de Volkswagen – la "voiture du peuple" dont rêvaient les nazis. »
— Éric Dussault
En 1948, Citroën présente un projet quasi-définitif, la « 2CV Type A ». Elle reçoit un accueil plutôt mitigé et est sévèrement critiquée par la presse qui la qualifie de boîte à sardines. Malgré cela, l’impact auprès de la population est important, du fait de son bas prix.
En 1949, après avoir été qualifiée « Type A » par le service des Mines, la production de la 2CV Type A commence.
En 1951, une version utilitaire de la Type A est présentée, la 2CV Type AU. Elle peut d’ailleurs transporter 150kg de marchandises ainsi que deux personnes.
Cependant, le modèle pâtira, dans le milieu des années 80, de son manque de jeunesse. Elle devient, de plus, boudée par certains pays aux réglementations très strictes (notamment en matière de pollution et de sécurité).
40 ans plus tard, sa production prend fin en France.
La dernière deudeuche fabriquée et vendue en France
Cette 2CV 6 Spécial gris cormoran est sortie de l'usine Citroën de Levallois-Perret le 18 mai 1988. Stationnée depuis lors dans un garage de l'Orne, la voiture a été volée entre le 19 janvier et le 13 mars : elle a, jeudi, été retrouvée incendiée dans le département voisin de l'Eure. "Dès 1974, Roger Brioult, qui était rédacteur en chef de la Revue technique automobile, avait compris que cette voiture devenait une légende. Il avait d'avance commandé la dernière 2CV", déclare à Ouest-France Alan Blondeau, en charge des véhicules appartenant à Roger Brioult.
À Citroën qui objectait lors de la commande que la production de 2CV n'allait pas s'arrêter immédiatement, le collectionneur aurait répondu : "Je m'en fous, je la paye maintenant !"
À la sortie de la chaîne de fabrication, la voiture collector est livrée à Résenlieu (Orne) chez son acheteur, également auteur de nombreux ouvrages consacrés à l'histoire de l'automobile. La livraison s'effectue par camion-plateau. L'ultime 2CV est ensuite poussée à la main jusqu'au garage du collectionneur : elle n'a jamais bougé de son écrin. Et le véhicule n'a jamais été immatriculé.
Pas question pour le propriétaire de faire tourner le moteur ! Le compteur n'affiche que 5 kilomètres : une distance correspondant aux habituels essais menés en usine pour chaque voiture. Sur une vitre est collée la copie du certificat de Citroën authentifiant la dernière 2CV produite en France. Cette antiquité estimée à 110 000 euros a-t-elle attiré l'attention d'un amateur peu scrupuleux ? Entre le 19 janvier et le 13 mars, la 2CV a été volée. Âgé de 90 ans, son propriétaire, déjà affaibli, est décédé le 24 mars. Ce vol l'avait, selon un proche, laissé abasourdi. La nouvelle du vol a circulé dans le réseau des clubs automobiles et parmi les collectionneurs. "Trop connue, cette 2CV était invendable", estime un spécialiste. La découverte du véhicule calciné laisse ouvertes les hypothèses sur les auteurs du vol.
Cependant l'histoire de cette 2CV n'est pas finie, puisque son épave sera vendue aux enchères en mars 2013 au prix de 10 800 €.
La 2CV continuera sa carrière encore 2 ans ailleurs dans le monde.
La dernière des deuches est Portugaise
En effet, sa production avait commencé en 1948 en France et s'achèvera de façon définitive 42 ans plus tard, en 1990, à Mangualde au Portugal.
Ainsi le 27 Juillet 1990, la production de la 2CV vit son dernier jour. A 16h30, la 2CV n°5.114.961 se présente en bout de chaîne, c’est une 2CV Charleston grise, elle sera la dernière 2CV.
A la fin de sa commercialisation, la 2CV était proposée en deux versions : Special, qui était la plus économique, et Charleston, plus chic et reprenant la peinture deux tons de la série spéciale éponyme sortie en 1980.
Le cycle de production a été filmé et pour sa sortie d’usine, une fanfare l’accompagne, une bien maigre fête pour le départ d’une voiture mythique, et de la Citroën la plus produite.
Cette voiture fut acquise par le directeur de l’usine de Mangualde, avant qu’elle ne soit rachetée par le Conservatoire Citroën.
Années de production : 1948-1990
Puissance maximale : SAE de 9 à 29 ch
Production : 5 114 961 exemplaires
Longueur: 3,83 mètres
Largeur: 1,48 mètre
Hauteur: 1,60 mètre
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