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Herve Poulain art cars : des voitures tout en couleurs

La mythique course des 24 Heures du Mans en France (Grand Prix d'Endurance de 24 Heures) a toujours attiré les regards, et ce depuis sa création en 1923. Cependant, dans ses premières éditions, les courses manquaient de couleurs, pour cause, les voitures se parent de couleurs unies associées (en règle générale) aux pays en lice. Il faut attendre les années 60 pour apercevoir les premières personnalisations avec des bandes qui ornent le capot et les flancs.



1970 est l'année à marquer au fer rouge pour Le Mans et Porsche, après quelques déboire (dont celle qui l'a opposé à Ford) Porsche veut définitivement inscrire son nom dans le cercle des vainqueurs des 24 Heures du Mans, pour heurter les esprits, Porsche peint sa 917 dans un style “ psychédélique ” avec du bleu et vert fluo. Pari doublement gagné, même si Porsche remporte en fin de compte cette édition avec une autre Porsche, elle semi-officielle.



Fort de son succès, Porsche récidive l'édition suivante avec une livrée encore plus audacieuse, un “ "Pink Pig" !



Le designer de Porsche, Anatole Lapine, a opté pour la couleur rose de la carrosserie et a étiqueté chacune des parties de la carrosserie en fonction des coupes de style boucher. Cette action à l'origine n'avait pas un aspect artistique, car elle découle d'un conflit, la légende raconte que lorsque la voiture a effectué son premier tour d’essai, l’un des sponsors de l’équipe – le comte Rossi de la société de boissons Martini & Rossi – n’était pas très enthousiaste. La 917/20 plus large n’était pas ce qu’il avait imaginé et il a donc refusé de la laisser courir dans les couleurs bleu, rouge et blanc de Martini. Cela signifiait que Porsche devait réfléchir rapidement et concevoir rapidement une nouvelle livrée de course. En fin de compte, c’est le designer Porsche Anatole Lapine qui est intervenu pour sauver la situation avec une livrée désormais célèbre, même si la voiture n'a pas remporté la victoire.



Hervé Poulain : l'homme qui anime l'Art


La marque de Stüttgart a ainsi inspiré Hervé Poulain, son nom vous dit peut être rien, mais c'est l'Homme qui transformera les voitures de course en œuvres d'art animées, il les fait réalisées et les pilotes, son tableau ; les courses d'endurances des 24h Mans (France). Ses œuvres d'art sont signées par Alexander Calder, Frank Stella, Roy Lichtenstein, Andy Warhol. 


Comme un conte pour enfant, voici son histoire.


En 1975, Hervé Poulain occupe la fonction de commissaire-priseur d'art (puis président fondateur d’Artcurial), il est âgé de 35, il organise sa première vente et depuis ce sont plus de 10.000 voitures vendues au rythme de son coup de marteau., sa passion ; le sport automobile. Dans sa quête de l'épanouissement de soi, il a l'idée d'associer ses deux passions : l'art et l'automobile.


Le challenge et à la hauteur de l'Homme, si rendre une voiture qui est une œuvre déjà désigné, la rendre encore plus artistique est un défi en soi, trouver un constructeur qui adhère à cette vision et un second défi encore plus énorme à un point ou l'homme se met a douter de sa faisabilité, mais il se dit : “Si Phidias a osé peindre l’Athéna du Parthénon, on peut bien peindre une voiture de course !”


Pour concrétiser tout cela, il fallait trouver une scène à la hauteur des œuvres d'art. À cette époque le circuit des 24 du Mans est l'endroit phare qui est au centre de toutes les attentions, sa dureté et son endurance rend ce cadre magique.


La magie opère, et c'est BMW Motorsport qui s'enthousiaste à confier une BMW 3.0 CSL comme toile de maitre. Hervé Poulain, inspiré, confi, pour cette essai expérimental, carte blanche au sculpteur et peintre américain Alexander Calder. L’artiste, inventeur du mouvement dans la sculpture, était « l’homme de la situation ». Il utilise des aplats de couleurs – bleu, rouge et jaune – et la voiture semble alors « sortie d’un album de coloriage d’enfants. Elle était très lisible, très facile à appréhender ». De plus, le véhicule « marche du feu de Dieu » mais la voiture ne termine pas la course, un détail tellement le public est conquis par l'exhibition offerte. L’impact médiatique est alors extraordinaire, ce n’était pas un coup de pub, mais une exposition d'art.


Alexander Calder et Hervé Poulain, jouant avec le premier projet d’art car, en 1975


Maquette originale - Valeur estimée de la maquette : 3 millions d'euros

Valeur estimée de la BMW 3.0 CSL :  : 1.2 millions d'euros


Motivés par ce succès et les plébiscitassions, Hervé et son commanditaire BMW décident de continuer l'expérience BMW Art Cars, l’épopée des Art Cars est lancée.



L’année suivante, l’artiste Frank Stella signe sur une autre BMW 3.0 CSL. Ce précurseur du minimalisme appose une décoration de papier millimétré sur la carrosserie pour qu'elle ressemble à un dessin technique.. Le bolide ne finira pas la course non plus.



En 1977 en revanche, l’Art Car BMW 320 i, pilotée par Hervé Poulain et Marcel Mignot, termine 9e ! L’œuvre, cette année-là, est signée Roy Lichtenstein, l’un des artistes américains les plus importants du pop art. La voiture est décorée avec des lignes jaunes et vertes, des pois bleus et des soleils sur les portières « pour illustrer le cycle magique de 24 heures ».



Celle qu’Hervé Poulain considère comme la dernière « vraie BMW Art Car » est la M1 désigné par Giorgetto Giugiaro et par signée Andy Warhol, grand représentant du pop art. La voiture aux grands aplats rouge, bleu ciel et vert est pilotée par Hervé Poulain, Manfred Winkelhock et Marcel Mignot aux 24 Heures du Mans 1979. Elle passe la ligne d’arrivée en 6e position et 2e de sa catégorie ! Peu après, le constructeur décide de s’engager en Formule 1.



Retour au Mans dans les années 1990

BMW est parti en Formule 1. Mais ce n’est ni la fin de la carrière de pilote pour Hervé Poulain ni la fin des Art Cars. BMW en compte 19 au total, dont une qui a couru les 24 Heures du Mans, en 2010, signée par le plasticien américain La Venturi 600 LM, nommée “Reptuiles’’, est recouverte de dessins de tuiles, donnant l’impression « d’un dinosaure recouvert d’écailles ». L’artiste Arman, connu pour ses accumulations, a ainsi inclus le sponsor - un fabricant de tuiles - dans son œuvre.



L’année suivante, le sculpteur César réalise un dessin des compressions des coupes qu’Hervé Poulain avaient gagnées au Mans, pour l’afficher sur une McLaren F1 GTR. Puis, dernière Art Car du pilote : en 1998, le commissaire-priseur demande au dessinateur Georges Wolinski de créer une œuvre pour une Porsche 911 GT2. Une femme prenant un bain de soleil s’affiche alors sur la carrosserie.



La Calder en 2025 pour ses 50 ans ?

Désormais spectateur de la course, Hervé Poulain revient chaque année au Mans, un « spectacle exceptionnel ». Le passionné d’art a « remarqué quelques voitures bien décorées », mais pas d’œuvres. La période des Art Cars « a été tellement forte, les artistes étaient si renommés que c’était compliqué pour une autre marque de reprendre le flambeau, et aussi sous peine de plagier ». Par ailleurs, il devient difficile de décorer une voiture car les lettrages et les produits des sponsors « envahissent » la carrosserie.

Aujourd’hui, les bolides des 24 Heures du Mans sont très décorés, arborent de belles couleurs et ravissent toujours les spectateurs. Quant aux Art Cars d’Hervé Poulain, elles sont devenues une collection d’œuvres d’art. L’ancien pilote espère les revoir en piste. Surtout "la Calder". « Mon rêve serait qu’elle ouvre, pour ses 50 ans, les 24 Heures du Mans 2025 ». Car cette première expérience avec un artiste reste la plus « magique ». Le début d’une épopée dont se souviennent encore très bien les fidèles spectateurs manceaux.



Pour conclure, BMW et l’artiste Julie Mehretu viennent de présenter la M Hybrid V8 qui participera aux 24 Heures du Mans 2024 dans une livrée conçue par la plasticienne américaine. Il s’agit de la 20è Art Car BMW en 49 ans, et elle marquera le retour de la marque au Mans après 25 ans d’absence, pour dire que l'art ne meurt jamais.



À lire :

L'art automobile : Hervé Poulain, itinéraire d'un homme accéléré

Patrick Lesueur

Jean-Marc Thévenet


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