L'invention des véhicules avec moteur à combustion remonte à 1886 quand l'Allemand Carl Benz crée la Benz Patent Motorwagen, le premier prototype à trois roues avec moteur à combustion, alors que Gottlieb Daimler et Wilhelm Maybach présentent à l'Exposition universelle de Paris de 1889 leur automobile à quatre roues avec moteur à essence à quatre temps.
Depuis cette date, l'expansion de ces engins prennent un ampleur significatif même si la production est encore artisanale, et ces véhicules partagent dorénavant la route avec les moyens de transport déjà existants et les piétons. Autant dire que les autorités n'étaient pas encore prêtes à encadrer ce nouveau mode transport. Les premières automobiles circulaient sans plaque d'immatriculation, une chose vite résolue.
Aux origines de la plaque d’immatriculation
Tout a débuté au Parc de la Tête d’Or à Lyon, en France au XIXème siècle. En 1891, au cœur du poumon vert lyonnais assiste à l’arrivée du tout premier système d’immatriculation. A cette époque, le parc est ouvert aux automobilistes qui y circulent librement. Suite à des accidents et désagréments causés par les voitures au sein du parc, dont celui où un jeune de 14 ans s'était enfui avec son véhicule après avoir écrasé un fonctionnaire, le Maire de Lyon, pris la décision de rendre obligatoire le port d’une plaque présentant un numéro unique d’identification en échange de leur nom et de leur adresse pour ceux qui veulent y pénétrer en automobile au parc de la Tête d’Or. Cette plaque « temporaire » était apposée sur le véhicule le temps de circuler dans le Parc. Les plaques sont ensuite rendues à la sortie. Mais l’idée d’identifier les véhicules n’était pourtant pas nouvelle, un arrêt du Conseil du roi Louis XVI l’a peut-être inspirée : en 1783, les cochers devaient appliquer à leurs véhicules tractés par des chevaux des plaques en métal portant le nom et l’adresse du propriétaire des chevaux.


Et le 14 août 1893, la France est le premier pays au monde à immatriculer ses véhicules, le préfet de police de Paris institue obligeant l’immatriculation des voitures « aux automobiles avec l’ordonnance du préfet de police sur le fonctionnement et la circulation sur la voie publique, dans Paris et dans le ressort de préfecture de police, des véhicules à moteur mécanique, autres que ceux qui servent à l’exploitation des voies ferrées concédées ». Elle leur étend le port de la plaque des voitures attelées en y ajoutant un « numéro » distinctif délivré par le constructeur : « Article 17. Tout véhicule à moteur mécanique portera sur une plaque métallique, en caractères apparents et lisibles, le nom et le domicile de son propriétaire et le numéro distinctif énoncé en la demande d’autorisation. Cette plaque sera placée au côté gauche du véhicule ; elle ne devra jamais être masquée. ». Ajoutons que le conducteur doit être muni en permanence du livret attestant de l’autorisation du véhicule. Le décret portant règlement pour la circulation des automobiles, du 10 mars 1899, renouvelle cette prescription : « Article 7. […] Chaque voiture portera en caractères bien apparents : « Le nom du constructeur, l’indication du type et le numéro d’ordre dans la série du type ; Le nom et le domicile du propriétaire.». Évidemment, cette plaque n’est lisible qu’à l’arrêt : ses caractères sont très petits (5 millimètres) et elle est mal placée.

En 1900, ce système d’immatriculation s’étend à l’ensemble de la ville de Lyon. A ce moment, les plaques sont attribuées de façon permanentes aux habitants de Lyon. Des plaques temporaires sont distribuées pour les touristes le temps de leur séjour. Ce système fut naturellement critiqué. C’est seulement une année plus tard, le 10 septembre 1901, qu’un décret rend obligatoire à l’ensemble du territoire français le port d’une plaque d’immatriculation à l’avant et à l’arrière du véhicule. Cette gestion du système d’immatriculation fut réalisée par le service des « Mines », dès réception des véhicules. Vous comprenez sans doute mieux maintenant le terme « plaque minéralogique ».



En 1902, l'Italie, puis la Belgique suivent l'exemple de la France. Ce fut ensuite le tour de l'Angleterre et de l'Allemagne.
L’Amérique a suivi de près l’Europe, où les plaques d’immatriculation entraient dans les mœurs. New York a rendu la plaque obligatoire à partir de 1901, mais sans établir de cahier des charges précis. Il incombait donc aux New-Yorkais de créer leurs propres plaques d’immatriculation jusqu’à ce que New York commence officiellement à fabriquer des plaques USA en 1909. Le Massachussets a mené la charge des plaques d’immatriculation officielles : il a commencé à émettre des plaques en 1903.
Mais c'est en 1898, que les Pays-Bas ont été le premier pays à mettre en place un système d'enregistrement des véhicules national. Les premières plaques étaient de simples plaques avec un chiffre apposé dessus. La numérotation a commencé par 1, et, le 8 août 1899, on était déjà arrivé à 168.
En Algérie
L'Algérie était alors colonisée par la France et les territoires de l'ancienne régence d'Alger deviennent en 1848 trois départements Français (département d'Oran à l'ouest, département d'Alger au centre et département de Constantine à l'est). En 1902, les 6 territoires sahariens forment les Territoires du Sud. Ils sont administrés par les 3 départements (2 territoires chacun).
Ainsi, l'immatriculation des véhicules en Algérie relève de l'administration française et les territoires du nord algérien on leurs propres numéros départementaux.
Le 16 septembre 1901 débute le premier système d'immatriculation français. La gestion de ce système est effectuée par le service des Mines, à la réception du véhicule. Ce service est réparti dans quinze régions administratives appelées arrondissements minéralogiques, celui de Marseille incluant dans les premières années les 3 régions d'Afrique du nord (Algérie, Maroc et Tunisie) ainsi que Monaco.
Une des obligations du service des Mines, outre l'affectation de l'immatriculation des véhicules, est de s'assurer que ceux-ci ne dépassent pas les 30 km/h, sinon une butée sera posée pour limiter sa vitesse. Ce numéro doit être lisible de jour comme de nuit. Malgré cela, certains automobilistes récalcitrants huilaient sans modération la plaque arrière et, grâce à la poussière qui venait se coller sur la plaque ainsi huilée, celle-ci devenait illisible. Avant la publication du décret ci-dessus, un décret du 10 mars 1899 obligeait les propriétaires de véhicules à se faire enregistrer à la Préfecture du département en précisant le véhicule, son numéro de châssis et bien sûr le nom du propriétaire.

L'Algérie a reçu le code AL dès 1902.

En 1928, un nouveau système Français remplace le premier en 1928. Il garde son caractère régional avec des codes géographiques mais l'attribution des plaques n'est plus du ressort de l'Administration des Mines, mais des préfectures qui gèrent déjà les cartes grises. Les nouveaux codes n'utilisent pas les lettres I et O, car elles peuvent être confondues avec d'autres caractères, ni le W qui est réservé aux véhicules en vente.


Les lettres doubles sont également écartées, car elles étaient utilisées par l'ancien système qui est resté en vigueur jusqu'en 1955 pour les voitures immatriculées avant 1928. Les lettres qui forment le code d'un pays, par exemple GB pour Grande-Bretagne, sont aussi exclues, tout comme les lettres attribuées aux territoires d'Afrique du Nord (AL, MA et TU). Les codes sont attribués aux départements selon leur ordre alphabétique.




En 1951, nouveaux changements majeurs dans l'immatriculation des véhicules
Le format de 1950 reprend la caractéristique départementale du système de 1928 mais remplace les lettres par des chiffres, ce qui permet notamment d'augmenter les combinaisons possibles.
En Algérie, les nouvelles automobiles ne seront plus immatriculées " AL " à compté du 1er juin 1951 et les premières voitures dont les plaques minéralogiques porteront la nouvelle numérotation.

Ces deux lettres AL seront remplacées par les n° 91 (Alger), 92 (Oran), 93 (Constantine), 94 (Territoires du Sud) et ces 4 départements ont utilisé pendant pendant 12 ans le même type de numérotation qu'en métropole française .
En effet, la réforme instaurée depuis un an dans la métropole vient d'être appliquée aux départements algériens. C'est ainsi que prenant la suite du numéro " 90 ", Territoire de Belfort (ancien " BZ "), le "AL" sera remplacé par les numéros "91", département d'Alger; "92", département d'Oran; "93", département de Constantine et " 94", Territoires du Sud.
D'autre part, ces chiffres permanents (91, 92. 93 et 94) seront précédés de trois chiffres et de deux lettres au maximum, La première voiture immatriculée dans le département d'Alger le ler juin portera donc le numéro " 1 A91".
La série ira jusqu'au numéro "999 A 91", pour passer ensuite " 1 B 91 ". Arrivé à " 999 Z 91 ",on recommencera avec deux lettres, " 1 AA 91","1 AB 91", et ainsi de suite, pour terminer par " 999 ZZ 91 ".
Cependant, les "AL"" ne disparaitront pas pour autant, la nouvelle immatriculation n'étant pas obligatoire pour les voitures actuellement en circulation.
Par contre, tout achat de nouvelle voiture ou mutation nécessitant une nouvelle carte grise, impliquera à partir du ler juin, le changement de numérotation.
Signalons que cette nouvelle numérotation n'a aucun rapport avec le recensement général des véhicules automobiles dont nous rappelons ci-dessous les dispositions.
En 1957, avec un nouveau découpage, treize nouveaux départements furent créés. Alger 91 devient 9A . Oran 92 / 9G, Constantine 93 /9D et Territoire du Sud 94 / 9 T puis ajoutés : Batna 98B, Bone 9C, Médéa 9E, Mostaganem 9F, Orléanville 9H, Sétif 9J, Tiaret 9K, Tizi Ouzou 9L, Tlemcen 9M, Aumale 9N, Bougie 9P, Saida 9R, Oasis 8A et Saoura 8B.
1959, Suppression des départements d'Aumale et Bougie, avec modifications des limites des
départements de Batna, Bône, Constantine, Médéa, Oran, Saïda et Sétif.
1961, Mise en place de 2 nouveaux codes de départements, 8A et 8B pour remplacer 9T.


1962, indépendance de l'Algérie et nouvelle réglementation algérienne en 1963


Après l'indépendance en 1962, les 15 départements (9A, 9B, 9C, 9D, 9E, 9F, 9G, 9H, 9J, 9K, 9L, 9M, 9R, 8A, 8B) ont perduré jusqu'en 1978 (leurs codes ont été utilisés jusqu'en 1964).
Le nouveau décret définissant les nouvelles plaques d'immatriculation algériennes en 1963 se trouve ci-dessous.


Sont définit : CT Coopérant Technique, TT Transit Temporaire, CD Corps Diplomatique, AL Administration Locale, DP Direction de Police.














1975, le termes des nouvelles plaques d'immatriculations toujours en vigueurs avec des évolutions dans le temps
Premier changement qui se voit, les couleurs des plaques deviennent blanche devant et jaune derrière avec des caractères noirs à la place du fond noir et écriture blanche. On notera notamment la suppression du mot El-Djazair (الجزائر).
Le numéro d'immatriculation est dorénavant composé (en partant de la droite vers la gauche) de 3 groupes de diagramme (ensemble de chiffres) :
- d'un diagramme représentant la wilaya d'immatriculation (de 1 à 58) ;
- d'un groupe de trois (3) chiffres arabes, séparé du précédent par un tiret apparent, caractérisant l'année de mise en circulation (les deux premiers chiffres) et la catégorie du véhicule (le troisième chiffre).
Les chiffres arabes représentant la catégorie des véhicules.

Voici la dernière version des plaques d'immatriculation algériennes (cliques ici)







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