Course dantesque, la Carrera Panamericana Mexico a attiré au début des années 1950, pendant cinq éditions, les meilleurs pilotes, dans un décor hors du commun.
La Carrera Panamericana était au départ une idée du gouvernement mexicain, qui voyait là un formidable moyen de faire connaître son nouveau réseau routier, à savoir la portion mexicaine de l’autoroute panaméricaine. Ainsi, en 1950, la première édition prit le départ à Ciudad Juárez dans le nord du pays, direction le sud et la province du Chiapas, pour enfin atteindre la frontière avec le Guatemala tout au sud. Pour boucler cette course folle, les concurrents devaient alors parcourir 3 373 km.
Le 5 mai 1950, trente-deux concurrents présentent leurs machines à Ciudad Juárez (dans le Chihuahua), une ville mexicaine située à proximité de la frontière des États-Unis, pour le départ de la première édition de la Carrera Panamericana Mexico. Ils ne le savent pas encore, mais ils s'apprêtent à affronter la course automobile la plus dangereuse du monde. Neuf étapes. Six jours de course. Près de trois mille cinq cents kilomètres représentant la partie mexicaine de l'axe reliant l'Alaska à la Terre de Feu en Argentine, du nord au sud du continent américain. Six jours de compétition débridée à travers les plaines désertiques du Nord, les montagnes de la région centrale et la forêt tropicale du Sud. Un parcours dantesque mené à vive allure sur route ouverte. Enfin, plutôt des pistes en sable ou au goudron vraiment abîmé. Une course sans filet. Où la bravoure tient lieu de dopant.
Si la première édition en 1950 regroupait surtout des pilotes amateurs, il ne fallut pas longtemps pour que le bruit circule et que des pilotes du monde entier regagnent le Mexique afin de participer aux courses suivantes, d’autant que le gouvernement mexicain savait attirer les stars, gros chèques à l’appui. En 1954, on retrouvait au départ des stars de l’époque telles que Juan Manuel Fangio, Carroll Shelby ou Phil Hill. Malgré les routes sinueuses de montagne, les moyennes dépassèrent vite les 160 km/h.
Fangio était familier de ce genre de tracé, lui qui avait fait ses armes au volant sur des routes cabossées similaires, chez lui en Argentine. En 1953, il devint le premier et dernier champion du monde de Formule 1 à remporter la Carrera Panamericana, à bord d’une Lancia D24.
Bien décidés à faire la nique à ses adversaires qu’étaient Ferrari et Lancia, Mercedes aligna trois 300 SL lors de l’édition 1952. Et le succès fut au rendez-vous pour la marque allemande, son pilote Karl Kling remportant la course, suivi par son coéquipier Herman Lang. Mais ce n’est pas tant la victoire de Kling qui lui permit d’entrer dans les annales que son accident…
Alors que le pilote empruntait un virage à droite à grande vitesse, un vautour vint se fracasser tête la première contre son pare-brise. Le verre éclata en morceau, venant couper le visage de son copilote Hans Klenk à divers endroits. Malgré tout, la Mercedes continua sa route et remporta l’épreuve avec une demi-heure d’avance sur le second au classement.
Malheureusement, d’autres eurent moins de chance. Lors des cinq années d’existence de la course, pas moins de 27 concurrents périrent. Même à une époque réputée pour son danger en course automobile, ce nombre était énorme. Mais le danger ne semblait pas effrayer les foules ; on estime qu’ils furent près de deux millions à s’être amassés sur le bord de la panaméricaine entre 1950 et 1954 pour venir assister au spectacle.
Ce n’est qu’en 1955, lorsque le drame frappa les 24h du Mans en France que les autorités mexicaines réalisèrent à quel point le coût humain de la Carrera Panamericana n’était plus tolérable, abandonnant tout simplement la course.
Aussi intense que tragique, la Carrera Panamericana fait désormais partie de ces courses légendaires qui viennent peupler le folklore des sports mécaniques.
En cinq années d’existence la Carrera Panamericana a attiré plus de 2 millions de spectateurs. Un record dans le monde de la course automobile. Mais la traversée du Mexique à une moyenne de plus de 170 Km/h avec des pointes à 300 à l’heure fit de nombreuses victimes tant du côté du public que de celui des pilotes. En 1955, le gouvernement décide d’interdire la Carrera.
Contre toute attente, la Pan Am réapparut en 1988 et existe encore aujourd’hui sous forme de rallye historique. Parmi les vainqueurs récents, on trouve quelques pilotes célèbres en rallye, tels que Stig Blomqvist ou Harry Rovanperä.
Partout ailleurs dans le monde, le terme “Carrera” (course en espagnol) est devenu célèbre en tant que patronyme de deux modèles associés aux sports mécaniques : la Porsche et la montre Tag Heuer du même nom. Pour la petite histoire, c’est Jack Heuer, le patron de l’enseigne d’horlogerie de luxe, qui déposa la marque “Carrera” pour ce modèle de montre après avoir eut vent de la Pan Am au début des années 60.
Cette année, la 32e édition de sa nouvelle ère qui se déroulera du 10 au 17 octobre 2019.
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