Considérée comme la première Porsche, la Typ 64 est une voiture de course développée en 1938. Hélas, le cours de l’histoire ne verra jamais la voiture courir sur la course pour laquelle elle avait été développée mais l’histoire la retiendra comme la voiture posant les prémices d’un constructeur allemand à la renommée mondiale…
A la fin des années 1930, l’Allemagne est sous gouvernement nazi depuis de nombreuses années déjà, la politique d’Hitler est alors de promouvoir son idéologie au travers des sports afin de rayonner dans le monde. Déjà, en 1936, les Jeux Olympiques avaient été utilisé comme un important vecteur de la propagande nazie, puis, quelques mois plus tard, le gouvernement allemand finance le sport automobile au travers de ces deux constructeurs : Mercedes et AutoUnion. Les étoiles d’argent naissent alors et ont pour mission de remporter des Grands Prix et abattre les records de vitesse.
Pour promouvoir la KdF-Wagen, Ferdinand Porsche a l’idée de développer sur cette base une voiture de sport, la VW 60K10RekordWagen (appelée aussi Porsche Type 60K10). Mais quand il soumet l’idée aux pontes du Reich, celui-ci se fait réprimander : la voiture populaire devait être sa priorité pour répondre aux attentes des allemands, le sport automobile est déjà bien lotis avec les Mercedes et AutoUnion. Mais quelques temps plus tard, Ferdinand Porsche reçoit courant 1938 l’autorisation de développer la voiture sportive qu’il projetait, trois exemplaires sont alors commandés.
Toutefois, si Porsche est autorisé à développer son projet, la voiture devra être prête pour le mois de Septembre 1939 afin de participer à la course Rome-Berlin, et un seul résultat est envisageable : la victoire. A défaut, la propagande servant à démontrer la supériorité allemande aurait été veine et ce projet n’aurait été que du temps et de l’argent de perdu. Aussi, cette course Berlin-Rome était organisée par l’Allemagne et devait devenir une référence dans le sport automobile, au même titre que les 24 heures du Mans ou les Mille Miglia. On comprend aisément pourquoi la victoire finale était de mise.
Ce type de défi ne fait pas peur à Ferdinand Porsche, celui-ci se met directement au travail et reprend des plans créés par le Porsche Buro fondé en 1931 qui avait réalisé une sportive pour son propre compte, un dessin privilégiant l’aérodynamique avec des formes toutes en rondeurs et effilées. Porsche a quelques contraintes car la voiture doit un minimum rappeler la KdF, l’avant reprend ainsi ses phares ainsi que des traits singeant la petite Volkswagen, et l’arrière reçoit une petite lunette arrière soulignée de fentes d’aération.
Mais pour améliorer l’aérodynamique, la voiture reçoit des carénage de roues et l’arrière est très affiné pour diminuer la traînée. Quant au choix du matériaux, celui-ci se porte sur l’aluminium qui permet d’avoir une voiture la plus légère possible, qui ne pèse au final que 850kg sur la balance. C’est le carrossier Reutter basé à Stuttgart qui est mission de réaliser cette coque.
Autre obligation de Porsche, réutiliser les éléments mécaniques de la future KdF. La Porsche Typ 64 reçoit donc le quatre cylindres à plat refroidi par air de 985cm3, lequel développait 50Cv et était donné pour une vitesse de pointe autours des 160km/h. Les essieux avant et arrières sont repris à la KdF, tout comme les freins à tambour.
Les trois châssis sont mis en construction en 1938 et reçoivent les numéro 38/41, 38/42 et 38/43. La première voiture est terminée le 19 Août 1939, et chaque modèle entraîne la construction d’un moteur de rechange au cas où une défaillance surviendrait. Toutefois, deux semaines après que le premier modèle eut été terminé, l’Allemagne déclare à la guerre à la Pologne, la seconde guerre mondiale commençait… Adolf Hitler annula la course Berlin-Rome et implique Porsche dans l’effort de guerre.
Par conséquent, les deux autres Porsche Type 64 sont mis en attente, elles seront finalisées respectivement en Décembre 1939 et Juin 1940. Les Porsche Type 64 n’ont donc jamais été utilisées en compétition, le premier châssis fut conduit par le haut fonctionnaire nazi Bodo Lafferenz qui détruit la voiture quelques mois plus tard, officiellement en s’endormant à son volant. Les deux autres châssis sont utilisés par Ferdinand et Ferry Porsche.
Toutefois, le second châssis n’aura pas la chance de survivre à la guerre, découvert en 1945 en Autriche par les soldats américains, ceux-ci s’amusent alors avec la voiture pour décompresser des atrocités de la guerre. Rapidement, son toit est découpé en raison de la chaleur à l’intérieur de l’habitacle; puis maltraité, le moteur fini par rendre l’âme quelques semaines plus tard. Histoire d’en finir, le modèle est achevé à coup de grenades, les restes sont abandonnés…
Le dernier châssis est quant à lui sauvé, il passe des mains de Ferdinand Porsche à celle d’un pilote allemand (Otto Mathé) en 1945 alors que Porsche était emprisonné en France. Cet arrangement permettait de ne pas voir le modèle tomber en France si le gouvernement français prenait la décision de saisir les biens de Ferdinand Porsche comme compensation en dommage de guerre. La voiture est restaurée en 1947 dans les ateliers de Pininfarina puis utilisée en compétition dans les années 1950 par Otto Mathé en personne. La voiture restera sa propriété jusqu’à sa mort en 1995, puis fut reprise par un collectionneur de Porsche. La voiture est aujourd’hui visible dans un musée de Hambourg !
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