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Les compagnies de transport de passagers transsaharienne d'antan


Si au début du XXè siècle, le chemin de fer était l'outil moderne du développement commercial, l'automobile était une utopie.

En 1879, le gouvernement français étant favorable à la construction du Transsaharien, trois missions furent chargées étudier le tracé de cette voie ferrée, La première guerre mondiale repoussera les premières décisions, et lorsqu'une décision est enfin prise en 1927, il y aura la grande crise qui mettra fin à l'aventure.

La compétition avec les automobiles se fera dans les années 20. Au début, la conquête du Sahara par la route fut une longue traversée du désert. Avant que la route dompte le géant de sable, il fallait s'armer de véhicules capables de résister à des conditions extrêmes, mais aussi avoir des Hommes d'exceptions. Les premiers véhicules à pouvoir pénétrer dans le Sahara sont les véhicules des armées coloniales. En Algérie, le rêve des colons de rejoindre les contrés de celui qu'on surnomme le « désert des déserts » ce concrétise au début du XXe siècle. En 1901 la première voiture appartement à des particuliers arrive dans la région du M’Zab. Il faut attendre, l'après Première Guerre Mondial, en 1920 pour que la première traversée complète du Sahara soit réalisée par un expédition de plus de 3 000km composée d'un convoi de 23 autocars FIAT 15 TER, va s'en suivre en 1922 la première double traversée du Sahara par la mission Citroën de Georges-Marie Haardt et Louis Audoin-Dubreuil. Pour la première fois, des autos partent d’Algérie et atteignent les rives du Niger à Tombouctou.



La conquête du Sahara par route pour les particuliers pouvait alors commencer.


Les échanges commerciaux et le tourisme vont alors se développer grâce aux sociétés de transports transsaharien.

L'Algérie possédait 2 principales sociétés de transport de passagers sub-saharien pionières dans le domaine; la Compagnie de Transport Transsaharien CTT et la Société Algérienne de Transports Tropicaux SATT.

De la même manière les premiers tracés automobiles passeront par In Gall et l'Ighazer sur des terrains non accidentés et donc faciles à traverser, d'autant que les points d'eau réguliers ne manquent pas. Ce sera à la faveur du développement uranifère que le premier goudron sera finalement construit entre Aïr et Ighazer, évitant In Gall


La CGT (Compagnie Générale Transsaharienne)



La Compagnie de Transport Transsaharien a été créée en 1923. Dès son origine, elle a pour but la création de liaisons routières et aériennes entre l’Algérie et l’Afrique Noire. Elle s’applique à l’établissement d’une infrastructure terrestre sans laquelle une ligne aérienne ne peut pas fonctionner au Sahara.

Selon un principe bien connu : Au Sahara, le chameau a précédé la voiture et la voiture a précédé l’avion.

En 1927, la CGT organise sur ce parcours le premier service régulier automobile. En 1929, elle rentre dans le groupe important de la Société anonyme des transports industriels et commerciaux, administrée par Maurice Bonhomme. Après avoir effectué de nombreux vols au Sahara, en particulier avec le colonel Joseph Vuillemin, Georges Estienne adjoint à la CGT l’activité aéronautique qu’il souhaitait depuis longtemps. En collaboration avec la Compagnie aérienne française (CAF), une expérience de transport de courrier par voie aérienne avait été entreprise en novembre et décembre 1931 avec des Farman 190. La perte d’un des deux Farman met fin à cette tentative.

Le vrai essor se produit en 1930 avec une quarantaine de véhicules Renault, cars-couchettes et limousines (construit sur des châssis de Renault Ox) destinés à une clientèle fortunée attirée par la chasse au gros gibier ; on ne disait pas encore safari. Pour la sécurité des passagers des CTT, il y avait une mitrailleuse sur le bus très confortable avec 8 couchettes. La CGT est alors en mesure de proposer chaque année, 30 voyages AR de Colomb-Béchar à Reggan et 6 voyages AR de Colomb-Béchar à Gao sur le Niger.



Son organisation automobile, son réseau de radio et ses postes de ravitaillement au long de la route du Tanezrouf permettent à la CGT de créer le premier service aérien postal régulier au Sahara. Elle reste fidèle à Renault et n’exploite que des Caudron-Renault 282 Phalène : les F-AMVD, F-AMVE, F-AMVF et F-ANBF.


La piste du Tanezrouft défrichée par la CGT, au long de laquelle il est possible d’atterrir sans

difficulté, permet aux avions de traverser la région désertique avec la certitude de recevoir des secours en cas de panne. La CGT dispose à Reggan, à Bidon 5 et à Tabankort, de stocks importants d’essence aviation et de lubrifiants Shell qui permettent le ravitaillement des avions à leurs passages. Les touristes aériens peuvent souscrire auprès de la CGT un contrat qui leur assure hébergements, ravitaillements et les secours en cas de panne.



Le SATT (Société Algérienne de Transports Tropicaux )


En 1933, Georges Estienne, qui ne s’entend pas avec Maurice Bonhomme, quitte la CGT pour créer, avec succès, la Société algérienne des transports tropicaux (SATT) sur la ligne du Hoggar, par Tamanrasset. Elle exploite la ligne du Hoggar par Tamanrasset, prolongée vers Zinder et Kano, qui atteint 6 000 kilomètres. C'est la ligne automobile la plus longue du monde avec un circuit de plus de 7700KM. La SATT effectue aussi des transports par avion à la demande à travers le Sahara. À partir de 1946, la SATT devient la Société Africaine des Transports Tropicaux.

Ainsi, le 13 décembre 1933, la SATT réalise le premier service transsaharien Tamanrasset-Zinder par Agadez et l'Ighazer. Ces routes ont fonctionnés seulement jusqu'à 1951, quand les compagnies aériennes ont commencé à prendre l'impact sur l'économie du service du transport longue distance.

Il n’y a pas de rivalité avec la CGT qui travaille sur un autre axe . En 1937 la SATT commande des véhicules plus confortables avec des aménagements spéciaux : ce sont les Pullman à l’allure aérodynamique.



En 1938, Georges ESTIENNE souhaite étendre ses lignes jusqu'au Congo. Un problème se pose régulièrement pour atteindre Fort Lamy : les contours du lac, sablonneux ne conviennent pas aux lourds autocars et à la saison des pluies, Fort Lamy devient quasiment une île, atteignable seulement par bateau …. Un survol du lac Tchad a permis de se rendre compte qu'il était navigable . Un essai avec un navire a fond plat n'a pas été concluant : immense (à l'époque en tous cas ….), ce lac avait parfois le comportement d'une petite mer intérieure et c'est donc d'un bateau à vocation maritime dont la SATT avait besoin. Une baleinière fut trouvée, achetée, et transportée par cargo de Rotterdam jusqu'à Alger. Ce bateau de 10 mètres de long, jaugeant 20 tonneaux, fut baptisé 'Explorateur René Estienne', du nom du frère de Georges, assassiné par des djitcheurs (bandits nomades du désert, faisant partie d'un djitch, bande armée).


L'histoire de cette compagnie prend fin en 1951 quand les compagnies aériennes ont commencé à prendre l'impact sur l'économie du service du transport longue distance.


Si les sublimes bus de la SATT ont fait le panache de l'entreprise, ils sont malheureusement aujourd'hui des épaves. Le dernier est exposé comme un témoin du passé à l'entrée d'un camping à Tamanrasset.



Les Transports Boukamel Abdallah


Avant même la création des deux acteurs majeurs de transports de passagers dans le Sahara, Mr Boukamel Abdalla a créé son entreprise de transport de luxe en 1919 avec comme liaison principale : Djelfa-Laghouat-Ghardaia, puis plus tard vers l'international avec notammenent Suez et la Mecque pour le pèlerinage ce qui lui a value une reconnaissance par ces paires.

Le grand mérite de Boukamel Abdellah est d'avoir pu créer son entreprise en tant qu'indigène dans une Algérie colonisée. Cette entreprise familiale est gérée par ses trois fils.

Spécialisée dans le transport du Sud par voitures de luxe, l'entreprise comptait une quarantaine de cars de quarante voyageurs.



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