Le 12 septembre 1963, une date inoubliable pour les amoureux de la marque Porsche, c'est la date de la présentation au publique lors du Salon IAA de Francfort de celle qui remplacera l'iconique 356 et qui incarnera le mythe Porsche : la 901, venant de son nom de son projet et en même temps commencer une nomenclature commençant par 900.
C'est la première fois que Porsche utilise le nom à 3 chiffres avec un zéro central.
Le nom est présenté en grand par la marque, et pourtant un an plus tard, le 10 novembre 1964, avant le Salon de Paris de 1964, la marque de Stuttgart annonce soudainement un changement de nom en 911. La raison invoquée : Peugeot avait déposé les désignations de modèle à trois chiffres avec un 0 au milieu. Porsche n'avait pas d'autres choix, devant la résistance de Peugeot, à changer ce nom en urgence, et elle optera pour 911.
Pourquoi avoir choisi 911 ?
Certains disent que cette combinaison de chiffres correspond au numéro d’urgence aux États-Unis et était de ce fait déjà bien connue sur ce marché important pour Porsche, mais Porsche affirme que lorsque Peugeot a levé la main sur les problèmes de marque entourant leur désignation 901 d’origine, ils avaient déjà les numéros 9, 0 et 1 coulés en volume, prêts pour la production en série. Ainsi, afin de ne pas gaspiller leurs badges plaqués or une fois qu’ils ont décidé d’honorer la demande française, Porsche a simplement utilisé une paire de 1 pour se retrouver avec 911.
Combien de 901 ont été produites ?
En 1963, Karmann produit 13 prototypes de la 901 dont la N5 sera présenté au salon IAA de Francfort. Certaines des voitures d’essai totalisant treize en tout ont reçu des noms exotiques comme Sturmvogel (oiseau de tempête), Blaumeise (mésange bleue), Fledermaus (chauve-souris), Zitronenfalter (papillon citron), Barbarossa (barbe rouge) et Quick Blau ou Quick Blue.
Puis en 1964, Porsche a construit 232 de voitures de présérie, mais seuls les 82 premiers exemplaires produits entre le 14 et 18 septembre 1964 (châssis 300 001 à 300 082) ont reçus l’estampillage « 901 » sur leurs plaques de châssis et aucune d'elle n’était censée sortir des portes de l’usine de Zuffenhausen, mais certains l'ont fait! Les 150 voitures de préproduction suivantes ont été badgées 911.
Autant dire que posséder l'une d'elle serai synonyme de posséder une Licorne. On peut voir cependant la 901 N57 au musée de Porsche, mais elle est badgé 911, cependant, certains l'ont fait !
Mais alors pourquoi n’ont-ils pas opté pour le 910, en recyclant également tous ces zéros?
C'est qu'il y avait déjà la voiture de course 910 qui a fait ses débuts en 1966.
Alors pourquoi la Porsche 904 n'a pas changé de nom ?
Alors que Porsche avait dans la même période donnée les noms de 901 et 904 à ses véhicules, Porsche a dû changer uniquement le nom de sa 901, Pourquoi ?
La raison est que la 901 était destiné pour la route alors que la 904 était destiné à la course, alors que Peugeot ne détient les droits des noms que pour les véhicules destinés à la route.
Peugeot attaque uniquement Porsche
Si la demande de Peugeot de demander à Porsche de changer de nom, les raisons derrières sont sournoises.
En effet, Peugeot à commencé à utiliser cette nomenclature depuis la 201, soit depuis 8 générations de voitures. Donc autant dire que cela n'était pas nouveau et que plusieurs marques ont pu en utiliser sans être inquiété par Peugeot. Mais depuis la Seconde Guerre Mondiale, les choses ont changer, et c'est de là que Peugeot a mis dans son viseur Porsche.
Si les relations franco-allemandes sont pas des meilleurs, et a raison, BMW a pu cependant nommer ses voitures 501, 502, 503 et roadster 507 sans être inquiété par Peugeot, tout comme la marque anglaise Bristol avec sa gamme allant de la 400 à la 412, ou encore l'italien Ferrari avec ses 208 et 308.
Alors Pourquoi Porsche ?
Cette vengeance ne vient directement de la marque Peugeot et ne vise pas directement la marque Porsche, il s'agit en réalité d'un règlement de compte contre Ferdinand Porsche (fondateur de la marque Porsche) et son gendre, Anton Piëch (père de Ferdinand Piëch).
On vous raconte l'histoire
Porsche et Piëch font mainmise sur Peugeot
En 39, la Seconde Guerre mondiale éclate, l'Allemagne conquit rapidement du terrain et envahit la France en mai 1940. Un mois plus tard, les fabricants automobile français, Renault, Citroën et Peugeot fut contraint de passer sous la coupe allemande. L’entreprise sochalienne se voit dans l’obligation de servir l’effort de guerre allemand. Comme bien des firmes, la famille Peugeot s’y plie. Peugeot est mis sous tutelle des automobiles Adler après une lutte d’influence entre Daimler-Benz et Auto Union. Le premier se voit attribuer la tutelle de Renault, le second celle de Citroën. Mais Auto Union a aussi des vues sur Peugeot et c’est pour maintenir l’équilibre et l’équité entre les deux que Peugeot fut confié à la petite firme Adler. A partir de décembre 1940, la firme de Sochaux commence donc la production pour le compte du Reich de 6 500 véhicules, puis de nombreuses pièces détachées.
À cette époque là, l’entreprise Volkswagen n’est pas encore celle que nous connaissons, dédiée à l’automobile. Si la firme a bien été créée pour fabriquer la fameuse KdF-Wagen dans sa nouvelle usine de KdF-Stadt (qui ne deviendra Wolfsburg qu’après la guerre, sur décision des administrateurs anglais), la guerre a plutôt bouleversé ses plans. Dirigée par Anton Piëch, le gendre de Ferdinand Porsche qui se charge de la partie technique, Volkswagen ne produira quasiment pas de Type 1 avant et pendant la guerre (les Käfer ou Coccinelle d’après-guerre) : la production sera en réalité relancée par les Alliés, et notamment le major anglais Ivan Hirst. A cette époque, ce sont des Kübelwagen (véhicule militaire de liaison), des Schwimmwagen (des véhicules amphibies) et quelques Kommanderwagen (des Type 1 militarisés) qui sortent des usines. Et encore, cela ne représente que 28,5 % de la production, quand le reste se compose essentiellement de pièces pour l’aéronautique, notamment des avions Focke-Wulf et les fameux missiles V1.
Peugeot obligé de travailler pour Volkswagen
Petit à petit, Piëch et Porsche vont s’intéresser de plus près à Peugeot. L’usine de KdF-Stadt manque cruellement d’une fonderie, toujours promise mais jamais construite. Or, Peugeot, elle, en possède une qui fait véritablement de l’œil à Volkswagen et à son duo de tête. Porsche et Piëch vont dès lors faire des pieds et des mains pour obtenir la tutelle de Peugeot en lieu et place d’Adler. Ils y parviennent en février 1943, lorsque les usines Peugeot sont provisoirement confiées à Ferdinand Porsche lui-même. Une décision qui devient définitive en novembre 1943, grâce à l’entregent du gendre Anton Piëch. Dès lors, les usines Peugeot se voient contraintes de fabriquer des pièces détachées pour les Kübelwagen produites à KdF-Stadt, mais aussi pour les avions Focke-Wulf eux aussi fabriqués en Basse-Saxe. Des prisonniers de guerre marocains sont même réquisitionnés pour renforcer les effectifs de la fonderie.
Cette production massive à destination de Volkswagen transforme l’entreprise en une véritable cible pour les Alliés : dans la nuit du 15 au 16 juillet 1943, 150 bombardiers de la RAF s’acharnent sur Sochaux, faisant 125 morts et 250 blessés. Dès lors, la famille Peugeot et une majorité des cadres ou d’ouvriers, déjà réticents à cette collaboration, vont rentrer dans une sorte de résistance passive, puis active, d’autant plus que Porsche et Piëch veulent fabriquer sur place les fameuses coques du missile V1 (ils n’arriveront jamais à leurs fins). À partir de septembre, les sabotages se font de plus en plus nombreux (notamment l’incendie du magasin de pneus, l’explosion d’une partie des forges ou de la fonderie). A la mi-mars 1944, il est toujours impossible de manufacturer réellement les pièces du Focke Wulf Ta-154.
Le pillage des usines Peugeot
En 1944, dans les usines Peugeot, les sabotages se multiplient. Les arrestations et les rafles deviennent quotidiennes. Les troupes de la libération sont aux portes de Sochaux mais n’entrent pas dans la ville. L’armée allemande en profite pour organiser un pillage des installations industrielles de la région. 90% du matériel de Peugeot est dérobé par les allemands. Les installations de l’usine Peugeot sont retrouvées après la guerre dans l’usine Volkswagen. À partir du mois d’août, le transfert des machines en direction KdF-Stadt commence : 85 tonnes de matériel, plus de 1 500 machines-outils, prennent la route de la Basse-Saxe. À la libération de l’usine, il ne reste quasiment plus rien. Peugeot s’était fait littéralement dépouiller par Piëch, Porsche et ce qui restait du IIIème Reich.
Vengeance assouvie
Vous comprenez dès lors la hargne de Peugeot à mettre des bâtons dans les roues de Porsche, d’autant qu’en 1963/1964, lors de la présentation de la version 901 puis 911, Jean-Pierre Peugeot, qui dirigeait l’usine pendant la guerre, est toujours à la tête de l’entreprise.
Une première vengeance avait été tentée juste après la guerre. le gouvernement français convoque le 15 décembre 1945, les autorités françaises invitent Ferdinand Porsche (âgé de 70 ans) et son fils Ferdinand Anton Ernst Porsche à visiter les usines françaises Renault, pour auditer la future Renault 4CV de 1947. Il est arrêté sur place, pour crime de guerre, opportunisme du Troisième Reich, et pour avoir volé des brevets appartenant à Peugeot pour le compte de l’usine KdF. Il et emprisonné vingt mois sans procès, dans diverses prisons françaises, à titre de prisonnier de guerre. Ne supportant pas sa détention, sa santé fragile se dégrade rapidement, et il sombre dans la dépression. Il est libéré en 1947 contre une caution d'un million de francs, payée par le constructeur automobile Piero Dusio (Cisitalia) (meilleur ami de son fils Ferdinand Anton Ernst Porsche). Un tribunal français a par la suite déclaré F. Porsche non coupable des crimes de guerre.
C’est à cette époque, sans la présence de son père, que Ferry Porsche conçoit la 356.
Après la guerre, la ville de la voiture KdF est baptisée Wolfsburg et l’usine est reconstruite sous le nom de Volkswagen, sans la moindre interaction avec les Porsche. La tournure de événements force Ferry à s’attaquer au nouveau président des lieux. Il le menace de faire entendre ses droits sur la Volkswagen Typ 1. Mais la famille se résout à un compromis. Un marché simple est alors conclu : pour chaque Coccinelle vendue, 5 marks sont versés à la famille Porsche.
Plus de 21 millions d’exemplaires ont été vendues et la marque fut un succès. De quoi assurer l’avenir pour les Porsche et les Piëch !
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