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Photo du rédacteurCOCKPIT

Premier radar de vitesse de l'histoire automobile en 1900



A la suite de nombreux accidents, des ordonnances de police ont réglementé la vitesse des voitures automobiles, mais leurs prescriptions sont difficiles à faire respecter. Pour en imposer l'observation aux chauffeurs imprudents, il faudrait, lorsque la vitesse permise est dépassée, pouvoir saisir le délit en quelque sorte au vol et le constater de façon indiscutable.

On a proposé divers moyens, basés sur l'emploi de la photographie instantanée, mais inapplicables pour la plupart. En voici un tout à fait pratique et ne nécessitant ni appareils encombrants, ni calculs compliqués. Il n'exige qu'un petit appareil à main tout à fait usuel et ne comportant qu'une modification insignifiante : l'emploi d'un obturateur à deux fentes, démasquant l'objectif deux fois de suite, à un intervalle de temps déterminé. L'appareil muni d'un tel obturateur donnera sur la plaque deux images successives qui se superposeront en se confondant si les objets sont immobiles, tandis que, s'ils sont en mouvement, les deux images seront évidemment séparées par l'espace parcouru entre les deux poses.

Il suffit dès lors d'avoir une mesure quelconque du véhicule, diamètre ou intervalle des roues pour calculer la vitesse. Or, ces mesures sont connues pour chaque type de voiture.

Voici la photographie d'un teuf-teur monté par deux personnes et qui descendait l'avenue des Champs-Elysées. Pour calculer à quelle vitesse il marchait, deux données seulement nous sont nécessaires : 1° l'intervalle entre les deux poses - il était de 4 centièmes de seconde ; 2° une dimension de la voiture - la distance entre les deux essieux de ce type de quadricycle est de 1m,20.

Ces chiffres posés, on procède aux opérations suivantes : 1° on mesure la réduction subie sur l'épreuve par la longueur de 1m,20 qui sépare les essieux, et on trouve 2 cent. 25 ; 2° on fait la proportion : 53.33 ; 3° on multiplie par ce rapport la distance, mesurée sur l'épreuve, entre deux positions d'un même point de la voiture : 6 millimètres.

Cette multiplication donne la distance parcourue en 4 centièmes de seconde : 319 millim. 98. Donc le teuf-teuf marche à 7 mètres 999 millimètres et demi à la seconde, ou 28 kilom. 798 à l'heure.

Le calcul est plus simple à effectuer qu'à expliquer et d'une approximation très suffisante, à la condition toutefois que la voiture soit représentée exactement de profil et non dans une position oblique, ce qui obligerait à faire intervenir des considérations trigonométrique plus compliquées.

Notre deuxième photographie a été prise avec le même appareil et la même vitesse d'obturation. A la seule vue des images on constate, sans calcul, que le vitesse de ce demi-landau était inférieure de plus de moitié à celle du quadricycle. Le calcul donne en effet moins de 14 kilomètres à l'heure.

L'ingénieux dispositif que nous venons de décrire a été inventé par M. Gaumont. Grâce à lui, les excès de vitesse pourront être enregistrés au passage par des agents que rien ne signalera aux chauffeurs imprudents. Ceux-ci, avertis, ne se livreront plus à des fantaisies que l'impunité encourageait, et M. Gaumont aura bien mérité des piétons et de l'automobiliste lui-même, qui n'aura plus d'adversaires quand il ne présentera plus de danger.



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