En F1 plus qu'ailleurs il est souvent question de millimètres, et chaque millimètre est un millième de seconde de gagner. Alors quand Ayrton Senna apprend le circuit au moindre millimètre avant chaque course pour gagner ce minuscule rien qui fera la différence, et qui touche sa voiture en invoquant une excuse la plus improbable que possible, que ce passe t'il ?
C'est ce que nous rapporte l’ancien directeur général d’ingénierie chez Renault, Pat Symonds, dans une anecdote particulièrement surprenante à propos du champion brésilien qui c'est déroulé en 1984 à Dallas (U.S.A.) lors de sa première saison en F1.
La course se déroule sous une chaleur de plomb avec 35°C alors que les organisateurs avaient programmé la course à 11h00 pour éviter la canicule du Texas, un 8 juillet c'était peine perdue. Après un bon départ qui le plaça en 4e position, Ayrton Senna est victime d'une touchette avec le muret lui occasionnant une crevaison lente dès le second tour alors qu'il s'attaquait au 3e de l'épreuve.
Il partit en tête-à-queue, repartant après le peloton, il rentre aux stands et reprend la course bon dernier. La même mésaventure arrivera au pilote brésilien au 10e tour, au même endroit. C'est ainsi qu'il entreprit une remontée exceptionnelle alors que devant lui, Dallas s'amusait à la Roulette Russe avec les pilotes, ce Grand Prix est aussi désorganisé qu'imprévisible. Ayrton Senna sera contraint à l'abandon à cause de son arbre de transmission cassé au tour 47. Quelle en est la raison ? Ayrton Senna le sait, mais ne veut pas y croire !
"Ayrton s'était bien qualifié, ensuite ça a été une course difficile et éprouvante pour ne pas dire calamiteuse. Ayrton a commit une erreur, il a fait un tête-à-queue puis à réussi à remonter, il était même sur un rythme assez étonnant et il se dirigeait vers un bon résultat, voire inespéré. Puis, il a heurté le mur et a endommagé l'arbre de transmission, il a dû abandonner, mais il était tout étonné et affolé de la façon dont ça s'était produit, il est venu me voir et m'a dit 'il est impossible que je heurte le mur, le mur a bougé'."
"Je te dis que le mur a bougé"
Pat Symonds trouvait cet échange assez étrange surtout de la part d'Ayrton Senna. "Oui, bien sûr, il a bougé..." a rétorqué ironiquement Pat Symonds. "C'était un très gros bloc de béton, mais il insistait tellement et j'avais confiance en lui que lui ai dis 'OK, allons voir ça...'. Je pensais que c'était des conneries, mais je voulais quand même vérifier. Nous sommes allés à l'endroit où Ayrton Senna a tapé le mur et vous savez quoi ? Le bloc de béton avait bien bougé !!! C'était de gros blocs de béton, mais un pilote avait frappé le mur quelques tours auparavant et cela laissait le bord d'attaque assez saillant, d'à peine quelques millimètres pourtant. J'aurai dit pas plus de 10 millimètres, mais Ayrton pilotait avec une telle précision que ça a suffit pour se mettre en travers de sa trajectoire."
"Ça m'a littéralement ouvert les yeux, je savais que ce pilote était bon mais après ça j'ai su qu'il était réellement spécial. Il n'était pas seulement bon dans le pilotage, mais dans ses convictions, son analyse et sa conclusion. Il avait dit 'je ne peux pas me tromper le mur a bougé' et il avait raison. Certains autres pilotes auraient conclu à une erreur de pilotage de leur part pour expliquer cette touchette, mais pas Ayrton, il savait ce qui s'était passé en piste."
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