La quatrième édition du Rallye Paris- Dakar de 1982 restera dans l'histoire pas seulement à cause des résultats sportifs mais aussi par la mésaventure de Mark Tacher fils de la Première Ministre du Royaume-Uni Margaret Tacher.
Le fils de Margaret avait de grande ambition en temps que pilote automobile, il était si enthousiaste qu’en 1977, il a formé sa propre équipe, Mark Thatcher Racing, bien qu’elle n’ait pas prospéré en raison du manque de ressources financières. Il n’était pas non plus un pilote talentueux et a déjà été sauvé de sa voiture en feu sur le circuit de Mallory Park dans le Leicestershire. Il a participer aux 24 Heures du Mans en 1980 et 1981, c'est justement après sa course de 1981 qu'un sponsor lui propose de participer au Dakar dans l'une des 3 voitures de son équipe. Sur le vif il accepte, il oublie cette demande jusqu'à ce que son sponsor le rappel à quelques jour du départ, et c'est ainsi que le nom Thatcher se retrouve sur la liste des engagés au Rallye Paris-Dakar à bord d'une Peugeot 504 break préparée par Dangel sans mesurer les conséquences d’un voyage de 10 000 kilomètres pendant trois semaines au milieu du désert du Sahara.
Mark prend la place du copilote, Charlotte Verney ancienne pilote expérimentée tient le volant (la seule femme qui a réussi à marquer des points en F1, elle a terminé sixième au GP d’Espagne de 1975), avec eux leur mécanicien Jacky Garnier. Sur la ligne de départ, il affiche sa confiance : "J’ai fait Le Mans. Le Dakar, c’est une formalité pour moi", assure-t-il. Avec son équipage, il quitte la place de la Concorde. Direction : Dakar.
Dans l’habitacle de la Peugeot 504, la mission de Mark Thatcher sera d’assurer la navigation, petit détail qui aura son importance pour la suite. Mais l’Anglais est optimiste et déclare sur la ligne de départ : “J’ai fait le Mans, le Dakar c’est une formalité pour moi”.
Pourtant la préparation de l’équipage se limite à une demi-journée de test en région parisienne. Le lendemain, l’équipage s’engage sur la place de la Concorde à Paris, direction Dakar.
Les premiers jours sont un enfer, entre chaleur insoutenable en journée et les nuits trop courtes et glacées. Dans ce Dakar des débuts, les équipages sont livrés à eux-mêmes.
Après deux jours de course, Mark est certain que tout cela va certainement très mal se terminer. D’autant qu’il se montre bien incapable de lire une carte. Pour l’instant, l’équipage se contente de suivre les autres concurrents, tentant de lire les traces dans le sable africain. C'est à ce moment que l'équipage 178 perdra les traces et se retrouve au milieu de nul part sans savoir où aller.
Ils se sont perdus dans l'étape Tit-Timeaouine, à la navigation un peu délicate au milieu de la spéciale. Le road-book indiquait : suivre la montagne à l'horizon (en fait Tim-Missao), mais de nuit, pour les retardataires, c'était mission impossible !
La pilote Anny-Charlotte Verney explique : « Nous étions en convoi avec deux autres voitures près de la frontière entre le Mali et l'Algérie, et nous nous sommes arrêtés pour réparer un essieu arrière endommagé. Il y avait aussi un bras de direction tordu. Peut-être à cause de la direction défectueuse, nous nous sommes éloignés 56 km de la route. À cette époque, il n'y avait pas de téléphones portables ni de GPS, donc on ne pouvait contacter personne. Mark nous a assuré que sa mère enverrait un satellite pour nous retrouver » mais l’équipage est introuvable.
“Au petit matin, quand j’ai vu qu’ils n’étaient pas venus nous chercher, on a commencé à se dire que cela pourrait durer quinze jours.” déclara Mark.
L'Alerte est lancée
Au 10, Downing Street, Margaret Thatcher est informée de la disparition de son fils. Après quelques jours sans signe de vie, la Première ministre commence à désespérer. Elle mobilise tous les moyens offerts par ses fonctions.
S'engage alors une deuxième course, celle de la "politico-sportive" entre plusieurs état impliquant le Royaume-Uni, l’Algérie, la France, et les USA, Ronald Reagan et François Mitterrand sont appelés à la rescousse par la ''Dame de fer'' alors effondrée, le Dakar se transforme en affaire d’État. Elle multiplie les appels à François Mitterrand qui affrète trois avions militaires pour les recherches mais ces derniers ne pourront survoler le territoire algérien pour faute d'autorisation. C'est alors la flotte algérienne envoie quatre avions et un hélicoptère.
Le 12 janvier, trois jours après la disparition du fils prodige, le ministre des affaires étrangères, Lord Carrington, écrit : "Madame la Première Ministre est désormais des plus inquiètes. Elle estime n'avoir eu aucune information fiable depuis 3 jours".
Le père de Mark Thatcher se rend sur place, accompagné d’une horde de journalistes.
Sous la pression, les Algériens se mettent sérieusement à chercher, ils trouvent. Les militaires du pays connaissent le terrain comme leur poche et au moment où ils accueillent le père Thatcher, le discours est clair : “Ne vous inquiétez pas, nous le trouverons demain matin”, mais que se passe réellement sur le terrain ?
Le sauvetage
Partis sans réserve d’eau, Mark Thatcher ayant oublié de “faire le plein”, l’équipage doit rationner les vivres. Il faudra compter sur l’eau du radiateur. Les aventuriers en herbe démontent les pneus pour pouvoir les brûler. Les trois naufragés disposent de cinq litres d’eau, de quelques sachets de nourriture déshydratée et de l’eau contenue dans le radiateur de la Peugeot. Thatcher déclare que le 14 janvier, il a retiré les roues de la voiture et s’apprêtait à les incendier afin que la fumée noire signale leur position.
C’est à ce moment qu’il entend voler un hélicoptère pas très loin. Il déclenche une fusée de signalisation et quelques minutes plus tard, les secours arrivent en Land Rover pour leur porter secours. L’équipage était immobilisé près de Taoumdert, à seulement 50 kilomètres de la route prévue.
Ainsi se terminèrent les cinq jours les plus difficiles de la vie de Mark Thatcher et de ses coéquipiers, qui, lorsqu’on lui demanda ce dont il avait besoin, répondit : une bière, un sandwich, un bain et un rasoir.
Plus tard,
Mark dira : « Les autres se sont arrêtés aussi, ont pris note de l’endroit où nous étions et ont continué. Mais ces connards au lieu de dire à tout le monde que nous étions à 25 miles à l’est quand ils ont terminé la section, ils leur ont dit que nous étions à 25 miles à l’ouest. », Il a finalement blâmé la mauvaise organisation pour les efforts de sauvetage qui ont duré plusieurs jours. « Cela ne veut pas dire que les organisateurs du rallye ne faisaient pas de leur mieux pour nous trouver, mais l’événement était encore jeune et ils étaient encore en train d’apprendre leur métier. Bien sûr, de nos jours, tout le monde a des téléphones satellites et des balises de localisation, mais à l’époque, ces choses n’étaient pas disponibles, ce qui explique probablement pourquoi les organisateurs du rallye ont eu tant de mal à essayer de nous localiser.
alors que la pilote révélera : « Il y a eu beaucoup d'avions de recherche et, finalement, après cinq jours, c'est l'armée de l'air algérienne qui nous a trouvés. De retour à l'hôtel, pour la première et dernière fois de ma vie, j'ai vu un garçon de 35 ans se faire réprimander vigoureusement par son père. »
Retrouvailles houleuses
Une fois l’équipage rapatrié à Tamanrasset, un somptueux dîner bien arrosé est organisé dans l’hôtel Tahat, et la facture impayée de 11 500da de l'époque est ensuite refilée à l'ambassade britannique. Évidemment, personne n’a d’argent et rapidement la police locale intervient. Le ministère des Affaires étrangères anglais est contacté et on prie Mme Thatcher de bien vouloir régler la note. Cette facture salée a justifié l'envoi d'une missive diplomatique au ministère britannique des affaires étrangères. La rumeur veut que Margaret Thatcher ait payé la facture et assuré une partie des frais de recherche de son fils. Le gouvernement répondra que les 2000 livres du sauvetage avaient été réglés par Mme Thatcher elle-même. Evidemment, on ne fait pas voler des avions pendant des jours avec une si petite somme. Il était certain que les 2000 livres ne couvraient même pas les frais des militaires anglais envoyés sur place.
Le fils de la dame de fer s'excusant même du tapage médiatique lié à son nom et déclara :
« À l’avenir, je m’en tiendrai aux circuits automobiles et laisserai les choses difficiles tranquilles », aux journalistes après son retour à Londres quelques jours plus tard dans un jet privé fourni par le président algérien Chadli Bendjedid.
Au Royaume-Uni, le ministère des Affaires étrangères local contacte Mme Thatcher pour la prier de bien vouloir régler la note, le fils est parti sans payer, alors que les Anglais se demandent si leurs impôts ont financé les recherches. À ajouter a cela que l'équipage n'a pas payer la note de leur hôtel.
Une histoire qui fait les choux gras des tabloïdes en dénonçant « des millions de livres avaient été dépensés pour sauver un playboy ».
Mark Thatcher a quitté le Royaume-Uni en 1986 et depuis lors a vécu partout dans le monde et toujours accompagné de controverses. En 2005, il a été condamné en Afrique du Sud à quatre ans de prison et à une amende pour sa participation à une tentative de coup d’État en Guinée équatoriale.
Un épisode que vous pourrez revivre sur Netflix dans un nouveau épisode de la saison 4 de la série The Crown.
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