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Photo du rédacteurCOCKPIT

SONACOME M210 vainqueur du Rallye Paris/Dakar 1980 groupe 3 - Camions

Le Paris/Dakar dans sa version africaine était le plus grand Rallye au monde. Créé en décembre 1978 avec des éditions annuelles, s'était le RDV à ne pas rater et qui réunissait les grands pilotes et les meilleurs véhicules au monde qui ont mis à rude épreuves autant les Hommes que de les mécaniques.


Arrivée sur le Lac Rose était donc un challenge, le gagner était plus qu'un exploit relevant du fantasme.



Le Rallye-raid


La légende du Paris Dakar retrace l’aventure la plus mémorable et incroyable de l’univers des sports mécaniques depuis quatre décennies. Créée par A.S.O (Amaury Sport Organisateur), la course de rallye-raid a connu sa première édition en décembre 1978. Elle se distingue de toutes les autres disciplines par son système qui se déroule en plusieurs étapes et regroupe différentes catégories de véhicules. Le Dakar nécessite en effet de l’endurance, de la stratégie et de la régularité. Le pilote vainqueur est celui qui parvient à franchir la ligne d’arrivée en premier.


Ce rallye est utilisé par les constructeurs comme laboratoire et comme vitrine afin de démontrer la robustesse de leurs véhicules même s'ils sont profondément modifiés par rapport aux modèles de série.


Le Rallye Dakar 1980 ou Paris Dakar 1980 est le second Rallye Dakar. Son départ a été donné de Paris le 1er janvier 1980. L'arrivée a eu lieu le 23 janvier 1980 à Dakar au Sénégal. 216 compétiteurs prirent le départ de la course. Pour la première fois, une nouvelle catégorie fut introduite : celle des camions.


La seconde édition aura lieu un an plus tard et verra pour la première fois de l'histoire dans un rallye la participation de la marque algérienne SONACOME.



Les préparatives


Ce sont 4 camions qui ont été préparés et qui ont passés les testes avant l'épreuve du Dakar, mais 3 seulement furent alignés lors du départ le 1er janvier 1980 à la place du Trocadéro de Paris.



La course



C'est ce qu'à pourtant réalisé nos camions nationaux lors de la seconde édition de 1980 (alors appelé éphémèrement le Rallye Oasis) qui ont alignés pour l'édition 1980 (1ère édition pour les camions) trois camions SOMACOME M210 6x6 dotés d’un puissant moteur Deutz V8 développant 210 chevaux, on finissant aux 1ères, 3ème et 4éme place. Seul le MAN réussit à s’immiscer dans ce tir groupé pour s’accaparer la seconde place. Il y avait 10 camions en liste au départ, et que 7 ont franchis la ligne d'arrivée à Dakar.


À noter que les pilotes et co-pilotes algériens sont des pilotes travaillant dans l'entreprise SONACOME.

  • L' équipage vainqueur avec le camion N°228 : Zohra ATAOUAT (décédé le 25/02/05) / Hadj Daou BOUKRIF / Mahiedine KALOUA.

  • Le 3ème, le n°229 de Bouzid / Daid / Mekhelef

  • Le 4ème, le 227 de Mouhamed Affane / Zergoun

Les pilotes connaissaient le terrain comme leur poche et utilisaient tous les raccourcis qu'ils pouvaient, au moins en ce qui concerne l'Algérie. C'est ainsi que beaucoup de concurrents camions, comme Georges Groine disaient: " Les gars des Sonacome, on les voit le matin au départ et le soir au bivouac... Ils prennent jamais les mêmes pistes que nous!!! Ils sont trop forts!"



Les vainqueurs à la remise des trophées.



A savoir également que les camions avaient des Land d'assistance qui accompagnaient les M210...Les Algériens avaient compris aussi avant beaucoup de monde l'intérêt d'une assistance rapide sur le Dakar!



Une seconde participation de SONACOME était prévu pour l'édition 1982, soit 2 ans après la victoire, mais cette fois ci avec un M230 qui comme son nom l'indique, avec 230 chevaux, soit 20 ch de plus que les M210 qui en a 210 ch avec la même carrosserie mais un habillage différent avec des couleurs bleu et blanc, et surtout un changement de nom de marque au passage, SONACOME (SOciété NAtionale de COnstruction MÉcanique) devient SNVI (Société Nationale des Véhicules Industriels). Cependant, l'équipage qui n'a pu prendre le départ de Paris faut de papiers administratifs délivrais à temps. La SNVI a demandé un départ direct d'Alger, mais hélas refuser ! Faire un départ d'Alger n'était pas équitable.



Étonnamment lors de la 10e édition du rallye Paris-Dakar de 1988, on a pu apercevoir ce M230 sur les prologue, mais pas en tant que compétiteurs.



Le véhicule gagnant est actuellement exposé au siège de la SNVI (nouvelle appellation de la SONACOM) à Rouiba.



Pour vous transportez à cette époque on vous partage un article de Maâmar FARAH intitulé : "Panorama : CHRONIQUE D’UN TERRIEN : Alger-Dakar ''

Alger-Dakar ? Pourquoi pas ? Je n’ai rien contre ! Sauf que, sur notre ordre de mission, l’objectif est on ne peut plus clair : «Couverture de la course Paris-Dakar 1980» ! Mais pourquoi aller à Paris puisque la course passe par Alger ! C’est logique, même si c’est tiré par les cheveux. Le gars est enfin plus explicite : «C’est une affairede frais de mission ! Plus court, ça fait moins de devises».

Économies de bout de chandelles… Les potes de la télé sont pourtant à Paris. Mais

Paris, ce n’est pas pour notre gueule. Nous attendrons le rallye à Alger. Même pas ! Les papiers traîneront tellement, le change à la banque prendra des allures de mission impossible et nous voilà en retard d’une journée sur le parcours algérien ! Il est où le rallye ? A

Ghardaïa ! Et nous sommes toujours à Alger à reluquer la face repoussante d’un bureaucrate qui nous explique tranquillement que nous n’avons rien raté en France : « La première étape est une longue traversée Paris-Sète sur l’autoroute ! Rien à voir ! Par contre le désert…»

Moi, je voulais voir l’autoroute. Le désert, j’en avais marre. J’ai tourné en long et en large dans les regs et les ergs et j’en ai gardé plein de sable dans mes souvenirs et d’ailleurs, ce bureaucrate idiot dit n’importe quoi ! La preuve, c’est que nos camions, ces M 210 sortis tout frais des usines de Rouiba, qui ont fini par gagner la course, n’ont eu des pépins que sur cette autoroute ! Sacrés chauffeurs de la SNTR, sollicités par Sonacome pour leur maîtrise du terrain saharien et qui connaissent le désert comme leurs poches ; ils ont trouvé le moyen de se perdre sur une… autoroute ! Il faut le faire… Nous voilà à Ghardaïa. La stupidité d’un bureaucrate et les guichets opaques du CPA nous ont retenus jusqu’en début de soirée. Voyage de nuit dans une Passat brésilienne d’ El Moudjahid. Quelques gouttes d’eau pour se laver le visage barbouillé de lividité par une nuit blanche. Café. Lait. Croissant. Et la course ? Elle est là-bas, dans un champ vague aux couleurs indéfinies. Couleurs de janvier. Lendemains blafards d’un réveillon qu’on n’a pas eu le temps de fêter. Un réveillon qui traîne comme la gueule de bois des aubes sahariennes, lorsque les dunes et le ciel se mettent à rêver de soleil. Sonacome nous avait réunis il y a quelques jours pour nous dire que nous aurons toutes les commodités. Là, je ne vois que des Land-Rover frappées du sigle Sonacome ainsi que les lourds M 210 et quelques Algériens dormant à même le sol, emmitouflés dans leurs couvertures ! Le campement, les tentes égayées par des tons empruntés au printemps, c’est de l’autre côté, juste en face des bagnoles de course fabuleuses, éclatantes de coloris et de fascination !

Nous achetons des chèches au souk local. Ils seront d’une grande utilité pour nous éviter d’attraper la crève ! Le gars de la Sonacome avait également dit que, là où il y aura des hôtels, nous serions pris en charge. Il disait n’importe quoi parce que les campements se faisaient toujours à l’extérieur des grandes villes et la seule fois où nous eûmes droit à un séjour hôtelier, ce fut à Gao. Comme nous avions marre de bouffer du sable et de tourner dans les dunes, nous restâmes sur place trois jours. Car, la course faisait une boucle avant de repasser par Gao! Tant pis, on ne verra pas Tombouctou ! Séjour attrayant partagé entre les siestes dans des chambres d’un autre âge et les parties de rigolade sur les terrasses paresseusement allongées sous les palmiers. Gao et ses nonchalantes promenades, ses petits restaurants typiques,

immanquablement flanqués de pistes de danse en plein air, bercés par la musique rythmée africaine. Gao et son histoire. Gao et la Révolution algérienne. On ne manquera pas de visiter la maison où séjournèrent Bouteflika, Messaâdia, Belhouchet et Draïa lors de leur célèbre exil malien… Et la course reprend. Niamey. La piste est longue, infernale, truffée de pièges. Un fleuve. Un petit joyau d’hôtel aux pieds baignant dans l’eau. Une halte ombragée pour chasser la poussière et une grosse frayeur à la vue d’un crocodile qui se dorait au soleil. Les girafes n’étaient plus une curiosité. Elles nous accompagnent depuis longtemps déjà. Que c’est long le cou d’une girafe ! Je n’avais jamais vu un cou de girafe au réel… Rencontre avec les chauffeurs de Sonacome. De petits employés qui ne savaient pas encore qu’ils allaient créer le miracle.

Chaque matin, vous pouvez les voir faire les gestes habituels, presque machinalement : ablutions, prière, thé, soupe piquante de pois-chiche.

Et le camion-restaurant de «Sabine Organisation» alors ? «Il y a du halouf !» Nous avons beau insisté auprès d’eux en leur expliquant qu’il ne pouvait y avoir de viande de porc au petit-déjeuner, ils ne voulaient rien savoir. Question blessante : comment, vous, chauffeurs amateurs ne disposant d’aucun moyen, pouvez rivaliser avec ces professionnels, aguerris aux raid rallyes, ces stars milliardaires ? Et comment nos camions pouvaient-ils rivaliser avec ceux de Mercedes, Man ou Renault-Saviem ? Comment la petite organisation de Sonacome, avec deux ou trois mécaniciens et quelques pièces de rechange entassées dans un 4X4, pouvait résoudre les pannes complexes qui pourraient surgir dans un parcours de plusieurs milliers de kilomètres ? Nous avons vu un avion atterrir en plein désert pour livrer un pont à un camion de Mercedes en difficulté ! «Nous les aurons dans le fech-fech, ya si Maâmar», m’avait lancé l’un des chauffeurs. Fech-fech ? J’ignorais ce que voulait dire ce mot et je pensais que c’était un tour de passe-passe ! Mais ce mot désigne tout simplement ces zones ensablées si typiques au désert. Un piège fatal pour les pilotes non avertis. Et nous en avons rencontrés des pilotes inconscients ! Roues ensablées, visages défaits, pelles jetées par dépit et longue et tourmentée attente du camion poubelle !

Ah, ce camion-balai ! Il nous sauvera la vie, lorsque nous nous étions perdus, en pleine nuit, sur la piste du Tanezrouft, pas loin de Bidon 5.

Mais nous étions encore plus fous que ça ! Et c’est à Dakar, dans un bar où les journalistes fêtaient l’arrivée que nous nous sommes aperçus de notre grande stupidité. C’est un confrère français qui nous interpella, en nous félicitant pour les deux premières places arrachées par les camions Sonacome : «Vous êtes venus en avion pour couvrir l’événement !»

Quoi ? L’avion ! Mais nous avons traversé le désert et, d’ailleurs, me suis-je permis : «C’est vous qu’on n’a pas vus ! On n’a pas vu tous ces envoyés spéciaux de la presse française !» En fait, entre une ville et une autre traversées par le rallye, il y avait un moyen très simple de circuler : une belle route goudronnée, nationale ou départementale, qui était souvent très courte par rapport aux centaines de kilomètres réservées aux pilotes professionnels. Nous avions tout simplement fait le rallye côté coureurs ! C’était la grande nouvelle pour les journalistes présents et les consommateurs qui nous fêtèrent comme des héros : «Mais vous avez fait le vrai rallye ! Ce n’est pas possible !

Vous avez fait toutes les pistes dangereuses et vous êtes arrivés à bon port !» Dangereuses, oh oui ! Pannes, faim, soif, maladies, tonneaux, invasion de scorpions… Vive le désert ! Mais, au bout, quel beau cadeau : la victoire des camions de Sonacome. Deux en tête et le troisième, bêtement disqualifié par l’autoroute ! C’était l’Algérie qui construisait son avenir, qui gagnait, qui avait l’un des meilleurs PNB d’Afrique. Une Algérie qui recevait des touristes sans recommandation spéciale des chancelleries. L’Algérie de Boumediene, celle d’avant Belmokhtar, les attentats et les harragas ! L’Algérie du renouveau socialiste et de la grande construction nationale, celle du savoir pour tous et de l’égalité des chances ; l’Algérie d’une industrie forte, d’une jeunesse digne et fière ; l’Algérie des fils de khammès et de bergers envoyés aux Etats-Unis pour poursuivre leurs études (ce sont les fils des généraux et des ministres qui y vont aujourd’hui !), l’Algérie d’avant la longue nuit des renoncements, tombée brutalement sur nos rêves. C’était avant la plongée dans le néant libéral, avant que les apprentis sorciers de la politique ne montent au créneau pour mystifier le peuple, vivant comme des pachas au milieu de la désolation générale.

Alger-Dakar ? Pourquoi pas ! Il me suffisait de lire la fierté dans les yeux des jeunes Sénégalais lorsqu’ils s’approchaient de nos camions frappés de ce slogan que je n’oublierai jamais «Sonacome, constructeur africain !»


M. F."

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