L'île grecque d'Astypalée fait comme l'industrie automobile, elle opère sa transition écologique. Et celle-ci est sponsorisée par Volkswagen, qui se sert d'Astypalée comme d'un laboratoire géant à ciel ouvert. Le groupe allemand vient de livrer la première voiture de police électrique, avant de livrer les clients privés dès le début de l'été, avec des ID.3, ID.4 et e-Up!. Des scooters électriques Seat Mo seront également vendus. Actuellement alimentée en électricité en partie avec des générateurs diesels, l'île compte réduire ses émissions de CO2 de 25 % grâce à l'installation d'un parc photovoltaïque. L'énergie excédentaire sera stockée dans des batteries un peu partout sur l'île. Les pouvoirs publics grecs annoncent que d'ici 2026, l'énergie verte couvrira 80 % des besoins de l'île.
"Des scientifiques de l’université de Strathclyde en Écosse et de l’université Égéenne en Grèce assureront le suivi et l’évaluation systématique de la transformation d’Astypalée. L’étude mettra l’accent sur la population d’Astypalée et sur son comportement face à la transformation. Une série d’enquêtes étudiera les points de vue généraux sur l’électro-mobilité et l’intention d’opter pour un véhicule électrique, offrant ainsi une meilleure compréhension des principaux leviers et obstacles à la transformation. Les résultats de l’étude seront rendus publics et pourront aider d’autres régions à accélérer leur transition vers l’électro-mobilité.
D’ici cinq ans, Astypalée sera devenue une île durable et intelligente. La mobilité sera électrique, alimentée par de l’électricité verte produite localement. De nouveaux services de mobilité comme l’autopartage et le covoiturage remplaceront le service d’autobus basique existant. L’objectif global est non seulement d’améliorer la mobilité, mais aussi de réduire d’environ un tiers le nombre de véhicules sur l’île".
La raison du choix de prendre une île Grecque pour VW est peut être relié au fait que la première voiture électrique de série a été produite sur une île Grecque.
Le milliardaire et armateur grec Giannis Goulandris acheta au début des années 1970 une société britannique nommée Enfield Automotive. Un projet est lancé pour concevoir une petite voiture de la taille de la fameuse « Mini ». Une équipe se lance dans l’aventure dans l’usine de la société située sur l’île de Wight. G.Goulandris acquiert rapidement la certitude que l’agitation sociale qui s’empare de l’entreprise risque d’empêcher que le projet ne soit conduit à terme. Il décide donc de déménager les matériels et les équipes d’ingénieurs dans un chantier naval qu’il possède : Néorion sur l’île de Syros. Le projet se poursuit alors et en 1973 est produite la première Enfield 8000. La voiture peut transporter 2 passagers et leurs bagages à 77 km/h sur une distance de 64 km. 120 exemplaires de ce premier modèle sont construits. Paradoxalement, alors que ce type de voiture conviendrait parfaitement au marché insulaire Grec, la règlementation de l’époque en interdit la vente sur le territoire hellénique et les 120 exemplaires sont alors vendus à des organismes publics du sud du Royaume Uni.
Goulandris, croyant fortement au concept de la voiture électrique dont la justification économique se trouve renforcée par la survenance du 1er choc pétrolier, pousse ses ingénieurs à inventer de nouveaux modèles. Rapidement une version entièrement découvrable de type Jeep est créée, au nom estival de « Bikini ». L’idée est de proposer ce produit aux loueurs de voitures qui commencent à fleurir sur les îles Grecques s’ouvrant au tourisme. En parallèle, la société met au point un modèle spécifique pour les servitudes sur les plateformes aéroportuaires. Elle est naturellement proposée à la grande compagnie nationale Grecque de l’époque, Olympic Airways, qui l’utilisera quelques temps à l’aéroport d’Athènes pour convoyer personnel naviguant et hôtes de marque.
L’épopée se soldera malheureusement par un échec, conséquence d’un fort lobby des producteurs automobiles traditionnels et d’une règlementation rendant difficile le commerce de ce type de produit. Il reste de cette aventure une grande fierté pour les travailleurs du chantier naval de Neorion, mais aussi un certains nombres de documents publicitaires de l’époque qui nous replongent avec plaisir dans l’atmosphère et le design des années 1970. Le premier exemplaire de cette voiture a été restauré, fonctionne, et fait l’objet d’une exposition permanente au musée industriel de la capitale des Cyclades, Syros.
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